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Le papier intelligent de Xerox, une erreur stratégique

Le 06-10-2025

Rank Xerox est incontestablement un grand spécialiste du papier, au point qu’il ne croit pas à une société entièrement numérique. C’est sans doute ce qui explique une très étrange invention, celle du papier intelligent en 1992, alors que tout indiquait que l’on s’orientait vers des solutions plus traditionnelles.

L’idée de Xerox était de fournir un papier "intelligent", préimprimé, le "paperworks", avec un programme qui permettrait de faire le lien entre un PC ou un serveur resté au bureau et son propriétaire, qui lui était chez son client… ou ailleurs.

Il suffisait qu’il se trouve à proximité d’un fax.

Xerox avait conçu un papier, car c’était son métier de base, préimprimé avec des zones prédéfinies, susceptible de comporter du texte et des commandes. Ce document une fois marqué par les usagers devait être envoyé via un fax à une ressource, chargée de traiter son contenu : stockage d’un document, mise à jour, traitement, etc.  Le programme devait s’intégrer dans un processus plus complexe, Xerox se réservant une part importante des moyens à mettre en oeuvre.

Effectivement, c’était un moyen envisageable pour assurer un lien entre des usagers démunis, car en déplacement et leurs moyens de traitement accessibles uniquement au bureau.

Mais ce qui nous étonne aujourd’hui, c’est que Xerox ait pu nous présenter cette invention comme intéressante, voire révolutionnaire,

On était quand même en 1992 et Xerox était bien place pour savoir que des téléphones performants allaient arriver sur le marché, dans lesquels il serait très simple d’insérer un client logiciel, susceptible lui-aussi d’activer un programme central.

Avec l’avantage de ne pas être figé comme une feuille de papier préimprimée et de s’adapter à tous les changements souhaités par le TI.

Xerox ne pouvait pas ignorer que sa fenêtre de tir était très réduite et qu’il avait tout au plus 2 ou 3 ans pour trouver des cobayes.

Ce "paperworks" a été de notre point de vue, l’exemple même d’une technologie sans avenir, ni perspectives à court terme, mais arrivée à un tel point de développement que cela ne coûterait rien de la lancer. Ce qui serait pris ne serait plus à prendre…

On aurait pu imaginer mieux de la part d’un acteur comme Xerox et son célèbre PARC, centre de recherche de renommée mondiale. Car dans cette affaire, on a simplement oublié les clients, entraînés dans une voie sans issue.