After Hours

Les NetPC, des ordinateurs réseaux qui n’ont jamais été connectés

Le 06-10-2025

Cela fait maintenant 15 ans qu’on nous annonce le déploiement de véhicules extraordinaires, à conduite autonome. Cela fait 15 ans que nous faisons remarquer que l’essentiel des problèmes n’a pas été réglé, celui de la modélisation, entre autre.

C’était effectivement tentant. Car on voit pas pourquoi "muscler" une machine locale, avec un OS, des utilitaires, des logiciels sur mesure, si personne ne s’en sert. Autant fabriquer une machine "minimum", qui pour fonctionner n’aurait besoin que d’une connexion avec des serveurs Internet, ou locaux, toute la logique applicative étant embarquée sur ces serveurs, en ne laissant au poste client qu’un affichage graphique de qualité.

Ce qui revenait à réinventer les terminaux, qui à cette époque n’étaient pas très éloignés : les 3270 d’IBM, les Questar de Bull mais aussi les VT 100 de  Digital Equipement. Autrement dit, l’idée d’un terminal n’avait rien de choquant.

D’autant que du point de vue coût, celui d’un terminal graphique devait être environ cinq fois moins élevé que celui d’une machine classique.

Malgré cette évidence, le concept a fait "pschiitt"…

On peut donner plusieurs explications à ce gros ratage.

D’abord psychologique, car les usagers découvraient à peine le monde "merveilleux" des PC que déjà on voulait les en priver.

Avec les PC, ils avaient le sentiment de gagner leur indépendance et de pouvoir travailler sans en référer à l’informatique qui les avaient "cornaqués" jusque-là, avec de nombreux heurts et incompréhensions. De sorte que leur mettre un terminal, leur semblait revenir en arrière.

Technique ensuite, car les terminaux auraient nécessité de disposer de connexions fiables et permanentes, ce qui n’était pas le cas à l’époque, sans compter la vitesse beaucoup trop lente, celle d’une connexion modem V.34 à 28,8 Kbps. 

A cela il fallait ajouter le fait que les logiciels implantés sur les serveurs n’était pas d’une robustesse à toute épreuve, avec des procédures d’authentification contestables et que leurs performances pouvaient sembler en retrait par rapport à ce qu’un simple PC était capable de produire.

Financière, enfin, car les éditeurs, au lieu de prévoir une facturation réduite, conforme à la philosophie du terminal, ont chargé la "mule" au maximum, au point que les patrons de TI se sont dits qu’il n’y avait aucun intérêt économique à basculer dans ce mode. Ceci d’autant plus que l’argument du prix du terminal par rapport à celui d’un PC, commençait à battre de l’aile, avec des terminaux à 300 $, mais aussi des PC à 1 000 $ et non plus 2 ou 3 000 $.

Finalement les NetPC, "Network Computer", PC sans disques, quelle qu’ait été leur appellation, qui dépendait beaucoup de leur fabricant, ont été un "four" retentissant. Personne n’en a voulu et la technologie est morte avant même d’avoir été exploitée. 

De grands constructeurs se sont pourtant fortement investis, Oracle par exemple, dans une alliance avec Sun (sa filiale) et IBM, mais aussi Acorn, Apple avec le MacNC, Microsoft, Intel, etc.

A noter enfin qu’avec le déploiement du Cloud, d’autres fabricants se reposent les mêmes questions, qui de notre point de vue, pourraient aboutir aux mêmes échecs. Mais "on ne change pas une équipe qui perd…".